Les séchoirs à noix anciens de Saint-Michel
Le patrimoine de St-Michel-de-St-Geoirs se découvre au hasard d’une promenade.
En témoignent, deux magnifiques séchoirs à noix, plus que centenaires et affichant fière allure !
Le long de la vallée de l’Isère, des falaises du Vercors au plateau de Chambaran, les nombreuses noyeraies rappellent l’importance de la culture de la « noix de Grenoble » dans cette région. Pour cette raison, de nombreux séchoirs à noix, accolés à la ferme ou indépendants, font partie du paysage de cette région.
Il reste encore plusieurs séchoirs à Saint-Michel mais très peu en activité. Ils font tellement partie du paysage qu’on n’y prête même plus attention. De même, certains bâtiments privés, sont inaccessibles à une observation, et la visite s’arrête parfois devant la grille de la propriété. Qu’il soit autonome ou attenant à l’habitation, le séchoir à noix se distingue comme un bâtiment sans comparaison grâce à cette architecture traditionnelle locale.
Zones d’implantation des noyers et des séchoirs à noix en Dauphiné
D’après cartographie de N. Esperguin, 1994, Musée Dauphinois, Grenoble.
Le séchoir à noix autonome de “La Grange”
Ce premier séchoir à noix semble éternel. Il a été créé par Antoine Marion Veyron en 1902, avec des chênes et des châtaigniers. Cette structure en bois, dont la toiture repose sur 8 piliers, est composée de 2 niveaux. Le premier niveau est fermé par des claustras formés de lattes horizontales légèrement espacées, qui permettent de laisser passer les courants d’air, mais pas le soleil. Sur le pourtour de ce niveau, 2 étages de claies permettent de sécher davantage de noix pour un encombrement minimal. Le deuxième niveau, peu visible, est situé sous la toiture et est accessible par une ouverture à l’aide d’une petite échelle. Les planchers intérieurs sont constitués d’un fin lattis de bois de châtaignier suffisamment serré pour que les noix ne puissent pas passer à travers.
Les noix mises en sac sont montées grâce à une corde sur poulie au premier niveau ou par une échelle. En réalité, ce séchoir peut contenir jusqu’à 12 tonnes de noix sèches voire même 14 tonnes certaines “bonnes” années.
Ce magnifique hangar est la propriété de Monsieur Joseph Dye.
Le séchoir à noix de “Brosse Ronde”
Sur la route des arêtes, à près de 700 mètres d’altitude, une jolie petite route sinueuse nous conduit vers le second séchoir à noix au lieu-dit Brosse Ronde. Celui-ci a probablement été construit par le même charpentier, Marion Veyron, en 1912. Il a fière allure, ce séchoir, bordé de chênes et de hêtres, dans ce cadre magnifiquement ombragé. Le séchoir à noix repose sur des socles en béton de 50 à 60 cm. Il a été bâti avec des chênes coupés sur place. Il semblerait qu’à l’origine, il servait de remise à gerbes. C’était en fait le lieu où l’on effectuait le battage à la main des céréales, puis le foin et la paille y furent entreposés. Cependant, cet imposant édifice est utilisé comme séchoir à noix et près de 5 tonnes y sont entreposées.
Le propriétaire de ce séchoir est Monsieur Robert Bossu-Ragis.
Autres séchoirs à noix
Ainsi, on trouve de manière plus modeste beaucoup de petits séchoirs dans la commune. Ces séchoirs, encastrés dans les corps des granges, sont de faibles dimensions.
Toujours sur la route des Arêtes, au creux d’un petit vallon, en partie masquée par une grosse bâtisse, on peut apercevoir une grange plutôt singulière. Pas moins de 5 petits séchoirs ornent ce hangar en mur de pisé, prenant appui sur la maçonnerie et sur des piliers en bois juchés sur des dés cimentés. Ceux-ci sont constitués d’un plancher à claire-voie, protégé autour par des parois claustras de bois.
Depuis quelques décennies, des séchoirs modernes en tôles galvanisées succèdent aux séchoirs à noix traditionnels. Aussitôt lavées, les noix sont séchées dans ces séchoirs à générateur d’air chaud en 3 jours au lieu de 3 semaines en milieu naturel (suivant le taux d’humidité des noix).
Aujourd’hui, force est de constater que la plupart des séchoirs en charpente et structures en bois servent désormais de débarras, et certains tendent à disparaître du fait de leur vétusté.